Le Coran, miracle littéraire et linguistique
Deux éléments essentiels caractérisent l'expression orale ou écrite : le contenu et le style.
Les plus belles paroles sont celles ayant un contenu significatif, ET formulées dans un style magnifique.
En quoi le style du Coran (avec lequel le contenu du Coran est présenté) est-il un miracle ?
A défaut de pouvoir partager cela de manière complète avec les non-arabophones, nous allons tenter d'expliquer le miracle littéraire et linguistique du Coran dans l'espoir d'en donner un avant-goût.
Une combinaison littéraire et linguistique miraculeuse dans chacun des 6236 Versets
Le coran contient dans chaque Verset à la fois des éléments rhétoriques (la rhétorique est l'art d'impacter les esprits par le discours) et des éléments cohésifs (responsables de l'unité formelle et de la cohésion grammaticale, syntaxique, phonétiques, prosodique) ce qui le rend, d'un point de vue linguistique, unique et inimitable.
Ces éléments (rhétoriques et cohésifs) se combinent d'une telle façon qu'ils deviennent inséparables. Cette combinaison unique captive le lecteur (ou l'auditeur) et rend l'objectif de communication (impacter l'auditoire) très efficace.
"A chaque fois que nous le [le Coran] lisons…, il nous séduit, nous étonne et finit par forcer notre révérence. Son style, en harmonie avec son contenu et son objectif est… grandiose, à jamais sublime. Ainsi ce livre continuera à exercer une forte influence sur les temps à venir". (Citation de Goethe tirée du livre de T. P. Hughes, Dictionary of Islam)
"Il est universellement admis que le Coran est écrit avec l’élégance la plus extrême et une pureté de langage, dans le dialecte de Quraych, le plus noble et le plus raffiné de tous les dialectes arabes… Le style du Coran est beau et fluide… et en de nombreux endroits, particulièrement ceux où la majesté et les attributs de Dieu sont décrits, sublime et magnifique… Il a tant de succès, et a une manière si étrange de captiver l’esprit de son audience, que plusieurs de ses contradicteurs pensaient être sous l’effet d’une magie et d’un enchantement". (Du livre de George Sale, The Koran: The Preliminary Discourse)
Les savants musulmans et non musulmans qui ont étudié la question sont unanimes : aucun texte en langue arabe, passé ou présent, ne possède une telle caractéristique.
Une forme littéraire unique
Alors que toutes les compositions de la langue arabe peuvent se classer sous deux catégories : la prose et la poésie (avec des sous catégories), la forme littéraire du coran n'appartient à aucune de ces deux catégories.
"C'est comme si Muhammad avait créé entièrement une nouvelle forme littéraire". K. Armstrong
"Vous savez, le Coran n'est ni de la prose ni de la poésie mais plutôt du.. Coran ! Et cela ne peut pas être appelé par un autre nom que cela !" Taha Husayn (célèbre écrivain et professeur de grammaire égyptien, 1889-1973).
L'abondance des figures de style
Le Coran est un océan de figures de style. Il présente une fréquence incomparable de figures de style, surpassant n'importe quel texte arabe, classique ou moderne.
A titre d'exemple (l'exhaustivité est impossible sur ce sujet, dans ce cadre), la phrase "wa rabbaka fa kabbir", qui signifie "Déclare la grandeur de ton Seigneur", est un palindrome parfait -avec l'alphabet arabe- (autrement dit on peut lire la phrase de droite à gauche ou de gauche à droite).
Lorsque l'on souhaite générer un palindrome en français (comme 'erre' ou 'gag' ou 'radar'), des mots courts sont faciles à générer. Un mot long est un peu plus dur.. mais une phrase, cela relève d'un niveau de maîtrise et d'un art particulier ! Cela prend du temps d'essayer de relier les mots qui se lisent dans les deux sens, pour arriver à quelque chose d'acceptable, et même quand on y arrive, la concentration de l'auteur aura été détournée du contenu, l'orthographe aura en quelque sorte dicté le contenu..
Or, dans le Coran, les palindromes s'intègrent toujours parfaitement, le contenu et le sens ne sont jamais perturbés , le style et le sens du palindrome restent cohérents avec le reste du passage. Dans notre exemple, le palindrome signifiant "Déclare la grandeur de ton Seigneur" est situé après un passage consacré aux signes de Dieu.
Sourate 11, Verset 1 : "... C'est un livre dont les Versets sont parfaits en style et en sens, émanant d'un Sage Parfaitement Informé".
Une précision étonnante dans le choix des mots
Cette précision s'illustre constamment dans le Coran. Quelques exemples :
Médine / Yathrib : Ce sont les deux noms connus pour la ville qui s'appelle aujourd'hui Médine en Arabie Saoudite. Yathrib était le nom de cette ville avant l'arrivée du Prophète. Médine en est le nom depuis l'arrivée du Prophète.
Les deux mots sont mentionnés dans le Coran, mais le choix de l'un ou de l'autre est fait systématiquement en fonction de celui qui l'utilise ET de son auditoire. Par exemple : les "hypocrites" dont le but est de revenir à l'ancien "leadership", utilisent le terme Médine quand ils mentent au Prophète en lui proclamant leur allégeance, mais utilisent Yathrib quand ils complotent pour mobiliser les habitants contre le Prophète.
Femme de / Epouse de : "Epouse de" est utilisé uniquement quand deux critères sont simultanément présents : mariage ET présence de descendance issue du couple.
Sakina (tranquillité) dans le cœur / sur les croyants : Deux sentiments sont souvent mentionnés dans le Coran : le chagrin et la peur. Lorsque Dieu indique qu'il a fait descendre la Sakina (tranquillité), il indique l'avoir fait descendre dans le cœur des croyants uniquement quand le sentiment concerné par la situation est le chagrin (qui se loge de façon durable dans le cœur) comme par exemple pour l'annulation d'un pèlerinage qui a attristé les croyants qui s'y étaient préparés. En revanche, il indique l'avoir fait descendre sur les croyants dans les cas où ceux-ci ressentaient la peur comme par exemple quand le Prophète et un de ses compagnons ont failli être découverts dans leur cachette (une grotte) par des personnes qui les poursuivaient pour les tuer.
Cela... Kitab (Livre) / Ceci... Coran : "Kitab" (le Livre) et "Coran" sont équivalents à première vue. Le pronom démonstratif "cela" est utilisé avec "Kitab" car le Livre en question est enregistré auprès de Dieu (d'où l'idée de la distance apportée par l'utilisation de "Cela"). En revanche, le pronom démonstratif "Ceci" est utilisé avec le mot "Coran" car étymologiquement "Coran" signifie Lecture (d'où l'idée de la proximité apportée par l'utilisation de "Ceci"). La seule exception ("Ceci" utilisé avec Kitab (Livre)) figure lorsqu'il est écrit "Ceci est un Livre que nous avons fait descendre" ("fait descendre" amène la proximité, d'où l'utilisation de "Ceci").
Progressivité dans l'utilisation des mots en fonction de l'histoire et de la sagesse :
Examinons attentivement les différentes prières d'Abraham liées à la Mecque et mentionnées dans le Coran :
"Seigneur fais de ceci une cité sécurisée -ou un havre de paix-" : Cette prière correspond à la période historique où la cité n'existe pas encore.
"Seigneur fais que cette cité soit sécurisée" : Cette prière correspond à la période où la cité existe.
La seconde partie de la première invocation est "et octroie à ses habitants différentes sortes de fruits". Cette progression dans la demande (1) d'abord la sécurité, 2) ensuite la prospérité) correspond à ce qu'on enseigne en sciences politiques : une société s'effondre en absence de sécurité, mais aussi en absence de prospérité.
La seconde partie de la seconde invocation est : "préserve-moi ainsi que ma descendance d'adorer les idoles" : Cet ajout est plein de sagesse car c'est une fois la paix et la prospérité installées qu'arrive la corruption des mœurs ("adorer des idoles" signifie attribuer à d'autres personnes ou choses les qualités de Dieu et notamment se tromper de destinataire en invoquant ces "idoles" au lieu de Dieu dans ses prières) .
Le style miraculeux du Coran : LE miracle donné au Prophète pour l'aider dans sa mission de diffusion du Message
Imaginez-vous un instant à la place d'un habitant de la Mecque au moment de la révélation. Imaginez votre réaction à la venue du Prophète pour vous annoncer la révélation et vous réciter des Versets du Coran. Votre réaction ressemblerait très vraisemblablement à "attends cher voisin, avant de me dire autre chose, tu me demandes de croire qu'un ange t'a parlé.. donc, que Dieu -indirectement- t'a parlé, à toi.. toi, mon voisin que je connais depuis plus de 30 ans.. et par dessus le marché, tu me demandes de changer toute ma vie d'après tout ce que tu diras, c'est bien ca ? Alors que des gens de ta famille même te traitent de fou ! Donc, non seulement tu me demandes de te croire, mais aussi de faire comme toi.. et donc d'être traité de fou moi aussi par toute la société qui m'entoure.. humm.. je vais y réfléchir.. merci". Mais cela ne s'est pas produit ainsi. Beaucoup de gens ont cru et ont assumé les changements que cela a impliqué dans leur vie. Le miracle littéraire et linguistique du Coran a eu un rôle décisif dans l'expansion de l'Islam. Il s'agit du miracle que Dieu a envoyé au Prophète Muhammad pour l'aider dans sa tâche incroyablement difficile (à l'instar du Prophète, Dieu a aidé beaucoup d'autres prophètes en leur donnant de quoi les rendre crédibles : des miracles, en l'occurrence, pour faire taire les sceptiques, avec des actions qui ne peuvent pas venir d'un humain : un déluge, un feu qui vient du ciel, etc..
La particularité du Coran parmi les autres miracles divins est qu'il a été définitivement fixé et est toujours visible aujourd'hui (et pour toujours comme nous allons le voir dans la partie consacrée à la transcription et à la conservation du Coran). Les autres miracles n'ont pas été filmés ou enregistrés et ne peuvent donc être prouvés scientifiquement comme étant des miracles divins. La seule preuve aujourd'hui que les miracles des autres prophètes se soient bien produits est.. qu'ils sont cités dans le Coran !)
Les autres miracles du Coran (scientifiques, numériques, et ceux liés aux prédictions historiques) n'ont pas pu être la cause de l'émerveillement des gens à l'époque de la révélation, car ces miracles n'ont pu être visibles que bien plus tard, une fois les événements annoncés avérés et à partir du moment où la science a pu démontrer ce qui était décrit dans le Coran.
A chaque fois que le Prophète récitait le Coran, les gens devenaient muets et pleuraient (même ceux réputés aux cœurs les plus endurcis).
Les dirigeants de Quraysh (tribu qui avait le contrôle de La Mecque), qui étaient les plus farouches adversaires de l'Islam à ses débuts, demandaient aux chefs d'autres tribus qui envisageaient de visiter la Mecque, de ne pas rencontrer Prophète de peur qu'ils ne soient émerveillés ou "ensorcelés" ou "possédés" en écoutant ses paroles (le Coran).. car "un chef de tribu qui se convertit à l'Islam, c'est toute sa tribu qui le suit"..
Ces leaders de Quraysh ont admis entre eux (et cela a été rapporté plus tard par plusieurs d'entre eux) que le Coran "était La Vérité".. mais il était hors de question pour eux que cette vérité soit amenée par quelqu'un qui ne soit pas de leur clan, de peur de perdre de leur leadership !
En d'autres termes, ces chefs de tribus avaient bien perçu la puissance et la profondeur des paroles, la perfection de leur contenu et leur style fascinant. Ils ont rejeté l'Islam pour une raison "tribale" : leur tribu rivalisait jusqu'alors avec les autres en matière d'offrandes, de générosité, de bravoure, de valeurs chevaleresques, mais ils ont jugé qu'ils n'avaient aucune chance de rivaliser avec le Coran, qui était révélé à un homme d'une autre tribu.
Ces leaders de tribu ont alors tout fait pour arrêter l'expansion du message révélé au Prophète.
Au delà des tentatives d'intimidation, des tortures et autres meurtres et tentatives de meurtre, ces chefs de tribu ont dépêché leurs meilleurs débateurs (et autres experts en négociation de l'époque) pour débattre avec le Prophète et l'influencer (qui était, rappelons-le, analphabète et connu comme tel). Ces débatteurs, en écoutant le Coran, finissaient tous par pleurer et reconnaître la puissance miraculeuse du Coran (sans forcément se convertir tous d'ailleurs).
Le plus illustre de ces débatteurs dit aux chefs de Quraysh à l'issue de sa confrontation avec le Prophète : "peu importe ce que cet homme aura à dire.. ce sera un événement majeur".
"Chaque fois qu’on lui demandait un miracle, prouvant l’authenticité de sa mission, le Prophète Muhammad leur mentionnait la composition du Coran et son excellence comme preuve de son origine divine. Et en réalité, même pour les non-musulmans, il n’y a rien de plus merveilleux que son langage à la plénitude et au rythme saisissants… L’amplitude de ses syllabes à la cadence grandiose et au rythme remarquable a joué un grand rôle dans la conversion des plus hostiles et des plus sceptiques". (De l’article écrit par Paul Casanova, L'Enseignement de I'Arabe au College de France)
Un miracle littéraire ET intelligible par les hommes à toute époque et en tous lieux
Le Coran possède un style merveilleux et inimitable, ET en même temps, il est accessible et compréhensible par tous ceux qui le lisent (en Arabe), quel que soit leur niveau d’éducation et de culture, car il comporte différents niveaux de lecture et diffuse un message universel, destiné à tous les Hommes, de toutes époques et de tous lieux.
"… Le Coran a invariablement maintenu sa place en tant que point de départ fondamental… Un crédo si précis… si accessible à la compréhension ordinaire, si dénué de toute complexité un merveilleux pouvoir pour se frayer un chemin dans la conscience des hommes". (Edward Montet, Intellectuel orientaliste et traducteur)
Sourate 54, Verset 22 : "Nous avons fait du Coran une oeuvre facile à comprendre pour qu'il serve de rappel...".
Un style inimitable
Bien que son style soit aisément intelligible, personne n’est parvenu à imiter le Coran, de quelque manière que ce soit (même en faisant abstraction des miracles scientifiques et numériques).
Dans son livre, The Construction of the Bible and the Qur'an, F. F. Arbuthnot fait le commentaire suivant sur le Coran : "Du point de vue littéraire, le Coran est considéré comme un spécimen de la langue arabe pure, composé à moitié tel un poème et à moitié tel de la prose. On dit que dans certains cas, les grammairiens ont adapté leurs règles afin de concorder avec certaines phrases et expressions usitées dans le Coran, et que bien que plusieurs tentatives aient été faites pour produire un travail d’un style aussi élégant que celui-là, aucune n’a abouti".
Cette caractéristique du Coran est clairement mentionné dans le Coran lui-même :
. Sourate 2, Verset 23 : "Et si vous êtes dans le doute au sujet de ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, essayez donc de composer une seule Sourate semblable à une Sourate du Coran, et faites venir ceux qui vous assistent en dehors de Dieu si vous êtes véridiques"
. Sourate 10, Verset 38 : "S'ils disent : 'C'est cet homme qui l'a inventé', réponds-leur : 'Composez donc une seule Sourate semblable à celles de ce Livre, et faites-vous aider, pour ce faire, de qui vous voudrez, en dehors de Dieu, si vous détenez vraiment la Vérité !'"
"Malgré l'excellence linguistique de certains poèmes pré islamiques, le Coran est assurément d'un autre niveau unique, ce qui le classe comme la manifestation écrite la plus éminente de la langue arabe". (Martin Zammit)
"En tant que monument littéraire le Coran parle de lui-même, une production unique dans la littérature arabe, qui n’a pas de précurseur ni de successeur dans son propre idiome. Les musulmans de tous âges s’accordent pour proclamer son inimitabilité pas seulement par rapport à son contenu mais aussi par rapport à son style". (Hamilton Gibb de l’Université d’Oxford)
"Voulant par la présente tentative… proposer quelque chose qui saurait faire résonner, quoique faiblement, la rhétorique sublime du Coran en arabe, j'ai éprouvé toutes les peines à maîtriser les rythmes complexes et magnifiquement variés qui, outre le message lui-même, permettent au Coran de compter incontestablement parmi les plus grands chefs-d'œuvre littéraires à la disposition de l'humanité... Cette caractéristique particulière… a été presque totalement ignorée par les traducteurs précédents ; ainsi, on ne s'étonne guère de constater que ce qu'ils ont écrit paraît terne et plat par rapport à un original, somptueusement orné". (Du livre d'Arthur J. Arberry, The Koran Interpreted)
"Tous ceux qui sont familiers avec le Coran en langue arabe s’accordent à louer la beauté du livre de cette religion, sa grandeur de forme si sublime qu’aucune traduction dans aucune des langues européennes ne permettrait de l’apprécier à sa juste valeur". (Edward Montet : Traduction Française du Coran)
"Le Coran dans sa parure originale arabe a une beauté et un charme qui lui sont propres.
Conçu avec un style concis et exalté, ses phrases brèves, chargées de sens, souvent rimées, possèdent une force d’expression et une énergie explosive, qu’il est très difficile de rendre par une traduction littérale". (Du livre de John Naish, The Wisdom of the Qur'an)
"Le Coran a un rythme d’une beauté particulière et une cadence qui charme l’oreille. De nombreux Arabes chrétiens parlent de son style avec une chaleureuse admiration, et la plupart des Arabisants reconnaissent l’excellence de son style… En effet, on peut affirmer que dans la littérature arabe, considérable et féconde aussi bien dans le domaine de la poésie que dans celui de la prose, rien ne lui est comparable". (Du livre d'Alfred Guillaume, Islam)
La puissance littéraire du Coran n'est-elle pas une affaire de subjectivité ?
D'une certaine façon, oui. Vous pouvez aimer un poème et une autre personne ne pas l'aimer.
Un film peut être Oscarisé et vous pouvez le trouver prétentieux et surfait et ne pas l'apprécier.
En revanche, le Coran est un "Balagh" : une communication.
Le but de toute communication est d'influencer son public.
Donc, pour qualifier objectivement la puissance littéraire d'une œuvre, le moyen de mesure le plus objectif est de mesurer son influence et son impact sur le monde (c'est-à-dire les changements qu'elle provoque chez les gens et l'ampleur de ces changements). Il s'agit de la mesure de puissance de n'importe quel discours.
Si l'on étudie les faits historiques, aucune société n'a subi une transformation basée sur un seul texte de la manière vécue par la communauté musulmane avec le Coran (changements dans tous les domaines de la vie : économique, politique, sociétal, mais aussi façon de penser et de se comporter individuelle et collective).
Aucune autre société de la civilisation humaine n'a vécu autant de changements et ce en 23 ans, c'est-à-dire le temps de la Révélation (durée reconnue également par les orientalistes).
Deux éléments essentiels caractérisent l'expression orale ou écrite : le contenu et le style.
Les plus belles paroles sont celles ayant un contenu significatif, ET formulées dans un style magnifique.
En quoi le style du Coran (avec lequel le contenu du Coran est présenté) est-il un miracle ?
A défaut de pouvoir partager cela de manière complète avec les non-arabophones, nous allons tenter d'expliquer le miracle littéraire et linguistique du Coran dans l'espoir d'en donner un avant-goût.
Une combinaison littéraire et linguistique miraculeuse dans chacun des 6236 Versets
Le coran contient dans chaque Verset à la fois des éléments rhétoriques (la rhétorique est l'art d'impacter les esprits par le discours) et des éléments cohésifs (responsables de l'unité formelle et de la cohésion grammaticale, syntaxique, phonétiques, prosodique) ce qui le rend, d'un point de vue linguistique, unique et inimitable.
Ces éléments (rhétoriques et cohésifs) se combinent d'une telle façon qu'ils deviennent inséparables. Cette combinaison unique captive le lecteur (ou l'auditeur) et rend l'objectif de communication (impacter l'auditoire) très efficace.
"A chaque fois que nous le [le Coran] lisons…, il nous séduit, nous étonne et finit par forcer notre révérence. Son style, en harmonie avec son contenu et son objectif est… grandiose, à jamais sublime. Ainsi ce livre continuera à exercer une forte influence sur les temps à venir". (Citation de Goethe tirée du livre de T. P. Hughes, Dictionary of Islam)
"Il est universellement admis que le Coran est écrit avec l’élégance la plus extrême et une pureté de langage, dans le dialecte de Quraych, le plus noble et le plus raffiné de tous les dialectes arabes… Le style du Coran est beau et fluide… et en de nombreux endroits, particulièrement ceux où la majesté et les attributs de Dieu sont décrits, sublime et magnifique… Il a tant de succès, et a une manière si étrange de captiver l’esprit de son audience, que plusieurs de ses contradicteurs pensaient être sous l’effet d’une magie et d’un enchantement". (Du livre de George Sale, The Koran: The Preliminary Discourse)
Les savants musulmans et non musulmans qui ont étudié la question sont unanimes : aucun texte en langue arabe, passé ou présent, ne possède une telle caractéristique.
Une forme littéraire unique
Alors que toutes les compositions de la langue arabe peuvent se classer sous deux catégories : la prose et la poésie (avec des sous catégories), la forme littéraire du coran n'appartient à aucune de ces deux catégories.
"C'est comme si Muhammad avait créé entièrement une nouvelle forme littéraire". K. Armstrong
"Vous savez, le Coran n'est ni de la prose ni de la poésie mais plutôt du.. Coran ! Et cela ne peut pas être appelé par un autre nom que cela !" Taha Husayn (célèbre écrivain et professeur de grammaire égyptien, 1889-1973).
L'abondance des figures de style
Le Coran est un océan de figures de style. Il présente une fréquence incomparable de figures de style, surpassant n'importe quel texte arabe, classique ou moderne.
A titre d'exemple (l'exhaustivité est impossible sur ce sujet, dans ce cadre), la phrase "wa rabbaka fa kabbir", qui signifie "Déclare la grandeur de ton Seigneur", est un palindrome parfait -avec l'alphabet arabe- (autrement dit on peut lire la phrase de droite à gauche ou de gauche à droite).
Lorsque l'on souhaite générer un palindrome en français (comme 'erre' ou 'gag' ou 'radar'), des mots courts sont faciles à générer. Un mot long est un peu plus dur.. mais une phrase, cela relève d'un niveau de maîtrise et d'un art particulier ! Cela prend du temps d'essayer de relier les mots qui se lisent dans les deux sens, pour arriver à quelque chose d'acceptable, et même quand on y arrive, la concentration de l'auteur aura été détournée du contenu, l'orthographe aura en quelque sorte dicté le contenu..
Or, dans le Coran, les palindromes s'intègrent toujours parfaitement, le contenu et le sens ne sont jamais perturbés , le style et le sens du palindrome restent cohérents avec le reste du passage. Dans notre exemple, le palindrome signifiant "Déclare la grandeur de ton Seigneur" est situé après un passage consacré aux signes de Dieu.
Sourate 11, Verset 1 : "... C'est un livre dont les Versets sont parfaits en style et en sens, émanant d'un Sage Parfaitement Informé".
Une précision étonnante dans le choix des mots
Cette précision s'illustre constamment dans le Coran. Quelques exemples :
Médine / Yathrib : Ce sont les deux noms connus pour la ville qui s'appelle aujourd'hui Médine en Arabie Saoudite. Yathrib était le nom de cette ville avant l'arrivée du Prophète. Médine en est le nom depuis l'arrivée du Prophète.
Les deux mots sont mentionnés dans le Coran, mais le choix de l'un ou de l'autre est fait systématiquement en fonction de celui qui l'utilise ET de son auditoire. Par exemple : les "hypocrites" dont le but est de revenir à l'ancien "leadership", utilisent le terme Médine quand ils mentent au Prophète en lui proclamant leur allégeance, mais utilisent Yathrib quand ils complotent pour mobiliser les habitants contre le Prophète.
Femme de / Epouse de : "Epouse de" est utilisé uniquement quand deux critères sont simultanément présents : mariage ET présence de descendance issue du couple.
Sakina (tranquillité) dans le cœur / sur les croyants : Deux sentiments sont souvent mentionnés dans le Coran : le chagrin et la peur. Lorsque Dieu indique qu'il a fait descendre la Sakina (tranquillité), il indique l'avoir fait descendre dans le cœur des croyants uniquement quand le sentiment concerné par la situation est le chagrin (qui se loge de façon durable dans le cœur) comme par exemple pour l'annulation d'un pèlerinage qui a attristé les croyants qui s'y étaient préparés. En revanche, il indique l'avoir fait descendre sur les croyants dans les cas où ceux-ci ressentaient la peur comme par exemple quand le Prophète et un de ses compagnons ont failli être découverts dans leur cachette (une grotte) par des personnes qui les poursuivaient pour les tuer.
Cela... Kitab (Livre) / Ceci... Coran : "Kitab" (le Livre) et "Coran" sont équivalents à première vue. Le pronom démonstratif "cela" est utilisé avec "Kitab" car le Livre en question est enregistré auprès de Dieu (d'où l'idée de la distance apportée par l'utilisation de "Cela"). En revanche, le pronom démonstratif "Ceci" est utilisé avec le mot "Coran" car étymologiquement "Coran" signifie Lecture (d'où l'idée de la proximité apportée par l'utilisation de "Ceci"). La seule exception ("Ceci" utilisé avec Kitab (Livre)) figure lorsqu'il est écrit "Ceci est un Livre que nous avons fait descendre" ("fait descendre" amène la proximité, d'où l'utilisation de "Ceci").
Progressivité dans l'utilisation des mots en fonction de l'histoire et de la sagesse :
Examinons attentivement les différentes prières d'Abraham liées à la Mecque et mentionnées dans le Coran :
"Seigneur fais de ceci une cité sécurisée -ou un havre de paix-" : Cette prière correspond à la période historique où la cité n'existe pas encore.
"Seigneur fais que cette cité soit sécurisée" : Cette prière correspond à la période où la cité existe.
La seconde partie de la première invocation est "et octroie à ses habitants différentes sortes de fruits". Cette progression dans la demande (1) d'abord la sécurité, 2) ensuite la prospérité) correspond à ce qu'on enseigne en sciences politiques : une société s'effondre en absence de sécurité, mais aussi en absence de prospérité.
La seconde partie de la seconde invocation est : "préserve-moi ainsi que ma descendance d'adorer les idoles" : Cet ajout est plein de sagesse car c'est une fois la paix et la prospérité installées qu'arrive la corruption des mœurs ("adorer des idoles" signifie attribuer à d'autres personnes ou choses les qualités de Dieu et notamment se tromper de destinataire en invoquant ces "idoles" au lieu de Dieu dans ses prières) .
Le style miraculeux du Coran : LE miracle donné au Prophète pour l'aider dans sa mission de diffusion du Message
Imaginez-vous un instant à la place d'un habitant de la Mecque au moment de la révélation. Imaginez votre réaction à la venue du Prophète pour vous annoncer la révélation et vous réciter des Versets du Coran. Votre réaction ressemblerait très vraisemblablement à "attends cher voisin, avant de me dire autre chose, tu me demandes de croire qu'un ange t'a parlé.. donc, que Dieu -indirectement- t'a parlé, à toi.. toi, mon voisin que je connais depuis plus de 30 ans.. et par dessus le marché, tu me demandes de changer toute ma vie d'après tout ce que tu diras, c'est bien ca ? Alors que des gens de ta famille même te traitent de fou ! Donc, non seulement tu me demandes de te croire, mais aussi de faire comme toi.. et donc d'être traité de fou moi aussi par toute la société qui m'entoure.. humm.. je vais y réfléchir.. merci". Mais cela ne s'est pas produit ainsi. Beaucoup de gens ont cru et ont assumé les changements que cela a impliqué dans leur vie. Le miracle littéraire et linguistique du Coran a eu un rôle décisif dans l'expansion de l'Islam. Il s'agit du miracle que Dieu a envoyé au Prophète Muhammad pour l'aider dans sa tâche incroyablement difficile (à l'instar du Prophète, Dieu a aidé beaucoup d'autres prophètes en leur donnant de quoi les rendre crédibles : des miracles, en l'occurrence, pour faire taire les sceptiques, avec des actions qui ne peuvent pas venir d'un humain : un déluge, un feu qui vient du ciel, etc..
La particularité du Coran parmi les autres miracles divins est qu'il a été définitivement fixé et est toujours visible aujourd'hui (et pour toujours comme nous allons le voir dans la partie consacrée à la transcription et à la conservation du Coran). Les autres miracles n'ont pas été filmés ou enregistrés et ne peuvent donc être prouvés scientifiquement comme étant des miracles divins. La seule preuve aujourd'hui que les miracles des autres prophètes se soient bien produits est.. qu'ils sont cités dans le Coran !)
Les autres miracles du Coran (scientifiques, numériques, et ceux liés aux prédictions historiques) n'ont pas pu être la cause de l'émerveillement des gens à l'époque de la révélation, car ces miracles n'ont pu être visibles que bien plus tard, une fois les événements annoncés avérés et à partir du moment où la science a pu démontrer ce qui était décrit dans le Coran.
A chaque fois que le Prophète récitait le Coran, les gens devenaient muets et pleuraient (même ceux réputés aux cœurs les plus endurcis).
Les dirigeants de Quraysh (tribu qui avait le contrôle de La Mecque), qui étaient les plus farouches adversaires de l'Islam à ses débuts, demandaient aux chefs d'autres tribus qui envisageaient de visiter la Mecque, de ne pas rencontrer Prophète de peur qu'ils ne soient émerveillés ou "ensorcelés" ou "possédés" en écoutant ses paroles (le Coran).. car "un chef de tribu qui se convertit à l'Islam, c'est toute sa tribu qui le suit"..
Ces leaders de Quraysh ont admis entre eux (et cela a été rapporté plus tard par plusieurs d'entre eux) que le Coran "était La Vérité".. mais il était hors de question pour eux que cette vérité soit amenée par quelqu'un qui ne soit pas de leur clan, de peur de perdre de leur leadership !
En d'autres termes, ces chefs de tribus avaient bien perçu la puissance et la profondeur des paroles, la perfection de leur contenu et leur style fascinant. Ils ont rejeté l'Islam pour une raison "tribale" : leur tribu rivalisait jusqu'alors avec les autres en matière d'offrandes, de générosité, de bravoure, de valeurs chevaleresques, mais ils ont jugé qu'ils n'avaient aucune chance de rivaliser avec le Coran, qui était révélé à un homme d'une autre tribu.
Ces leaders de tribu ont alors tout fait pour arrêter l'expansion du message révélé au Prophète.
Au delà des tentatives d'intimidation, des tortures et autres meurtres et tentatives de meurtre, ces chefs de tribu ont dépêché leurs meilleurs débateurs (et autres experts en négociation de l'époque) pour débattre avec le Prophète et l'influencer (qui était, rappelons-le, analphabète et connu comme tel). Ces débatteurs, en écoutant le Coran, finissaient tous par pleurer et reconnaître la puissance miraculeuse du Coran (sans forcément se convertir tous d'ailleurs).
Le plus illustre de ces débatteurs dit aux chefs de Quraysh à l'issue de sa confrontation avec le Prophète : "peu importe ce que cet homme aura à dire.. ce sera un événement majeur".
"Chaque fois qu’on lui demandait un miracle, prouvant l’authenticité de sa mission, le Prophète Muhammad leur mentionnait la composition du Coran et son excellence comme preuve de son origine divine. Et en réalité, même pour les non-musulmans, il n’y a rien de plus merveilleux que son langage à la plénitude et au rythme saisissants… L’amplitude de ses syllabes à la cadence grandiose et au rythme remarquable a joué un grand rôle dans la conversion des plus hostiles et des plus sceptiques". (De l’article écrit par Paul Casanova, L'Enseignement de I'Arabe au College de France)
Un miracle littéraire ET intelligible par les hommes à toute époque et en tous lieux
Le Coran possède un style merveilleux et inimitable, ET en même temps, il est accessible et compréhensible par tous ceux qui le lisent (en Arabe), quel que soit leur niveau d’éducation et de culture, car il comporte différents niveaux de lecture et diffuse un message universel, destiné à tous les Hommes, de toutes époques et de tous lieux.
"… Le Coran a invariablement maintenu sa place en tant que point de départ fondamental… Un crédo si précis… si accessible à la compréhension ordinaire, si dénué de toute complexité un merveilleux pouvoir pour se frayer un chemin dans la conscience des hommes". (Edward Montet, Intellectuel orientaliste et traducteur)
Sourate 54, Verset 22 : "Nous avons fait du Coran une oeuvre facile à comprendre pour qu'il serve de rappel...".
Un style inimitable
Bien que son style soit aisément intelligible, personne n’est parvenu à imiter le Coran, de quelque manière que ce soit (même en faisant abstraction des miracles scientifiques et numériques).
Dans son livre, The Construction of the Bible and the Qur'an, F. F. Arbuthnot fait le commentaire suivant sur le Coran : "Du point de vue littéraire, le Coran est considéré comme un spécimen de la langue arabe pure, composé à moitié tel un poème et à moitié tel de la prose. On dit que dans certains cas, les grammairiens ont adapté leurs règles afin de concorder avec certaines phrases et expressions usitées dans le Coran, et que bien que plusieurs tentatives aient été faites pour produire un travail d’un style aussi élégant que celui-là, aucune n’a abouti".
Cette caractéristique du Coran est clairement mentionné dans le Coran lui-même :
. Sourate 2, Verset 23 : "Et si vous êtes dans le doute au sujet de ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, essayez donc de composer une seule Sourate semblable à une Sourate du Coran, et faites venir ceux qui vous assistent en dehors de Dieu si vous êtes véridiques"
. Sourate 10, Verset 38 : "S'ils disent : 'C'est cet homme qui l'a inventé', réponds-leur : 'Composez donc une seule Sourate semblable à celles de ce Livre, et faites-vous aider, pour ce faire, de qui vous voudrez, en dehors de Dieu, si vous détenez vraiment la Vérité !'"
"Malgré l'excellence linguistique de certains poèmes pré islamiques, le Coran est assurément d'un autre niveau unique, ce qui le classe comme la manifestation écrite la plus éminente de la langue arabe". (Martin Zammit)
"En tant que monument littéraire le Coran parle de lui-même, une production unique dans la littérature arabe, qui n’a pas de précurseur ni de successeur dans son propre idiome. Les musulmans de tous âges s’accordent pour proclamer son inimitabilité pas seulement par rapport à son contenu mais aussi par rapport à son style". (Hamilton Gibb de l’Université d’Oxford)
"Voulant par la présente tentative… proposer quelque chose qui saurait faire résonner, quoique faiblement, la rhétorique sublime du Coran en arabe, j'ai éprouvé toutes les peines à maîtriser les rythmes complexes et magnifiquement variés qui, outre le message lui-même, permettent au Coran de compter incontestablement parmi les plus grands chefs-d'œuvre littéraires à la disposition de l'humanité... Cette caractéristique particulière… a été presque totalement ignorée par les traducteurs précédents ; ainsi, on ne s'étonne guère de constater que ce qu'ils ont écrit paraît terne et plat par rapport à un original, somptueusement orné". (Du livre d'Arthur J. Arberry, The Koran Interpreted)
"Tous ceux qui sont familiers avec le Coran en langue arabe s’accordent à louer la beauté du livre de cette religion, sa grandeur de forme si sublime qu’aucune traduction dans aucune des langues européennes ne permettrait de l’apprécier à sa juste valeur". (Edward Montet : Traduction Française du Coran)
"Le Coran dans sa parure originale arabe a une beauté et un charme qui lui sont propres.
Conçu avec un style concis et exalté, ses phrases brèves, chargées de sens, souvent rimées, possèdent une force d’expression et une énergie explosive, qu’il est très difficile de rendre par une traduction littérale". (Du livre de John Naish, The Wisdom of the Qur'an)
"Le Coran a un rythme d’une beauté particulière et une cadence qui charme l’oreille. De nombreux Arabes chrétiens parlent de son style avec une chaleureuse admiration, et la plupart des Arabisants reconnaissent l’excellence de son style… En effet, on peut affirmer que dans la littérature arabe, considérable et féconde aussi bien dans le domaine de la poésie que dans celui de la prose, rien ne lui est comparable". (Du livre d'Alfred Guillaume, Islam)
La puissance littéraire du Coran n'est-elle pas une affaire de subjectivité ?
D'une certaine façon, oui. Vous pouvez aimer un poème et une autre personne ne pas l'aimer.
Un film peut être Oscarisé et vous pouvez le trouver prétentieux et surfait et ne pas l'apprécier.
En revanche, le Coran est un "Balagh" : une communication.
Le but de toute communication est d'influencer son public.
Donc, pour qualifier objectivement la puissance littéraire d'une œuvre, le moyen de mesure le plus objectif est de mesurer son influence et son impact sur le monde (c'est-à-dire les changements qu'elle provoque chez les gens et l'ampleur de ces changements). Il s'agit de la mesure de puissance de n'importe quel discours.
Si l'on étudie les faits historiques, aucune société n'a subi une transformation basée sur un seul texte de la manière vécue par la communauté musulmane avec le Coran (changements dans tous les domaines de la vie : économique, politique, sociétal, mais aussi façon de penser et de se comporter individuelle et collective).
Aucune autre société de la civilisation humaine n'a vécu autant de changements et ce en 23 ans, c'est-à-dire le temps de la Révélation (durée reconnue également par les orientalistes).